Séminaire du 13 février 2013

Manipulation des données scientifiques, Faux, plagiats et pillages

Intervenants : Alain RIAZUELO et Geneviève KOUBI

Alain RIAZUELO
, Chargé de recherche au CNRS, Institut d’Astrophysique de Paris

Les anneaux de Vénus – Éléments de réflexion sur les amours contrariées des frères Bogdanov avec la science.

Résumé :
Personnalités médiatiques bien connues, les frères Igor et Grichka Bogdanov nourrissent depuis une vingtaine d’années des ambitions scientifiques qui ont en plusieurs occasions suscité la réprobation de certains chercheurs et de la presse spécialisée, sans pour autant que cela n’altère leur popularité ou leur statut revendiqué de scientifiques brillants auprès du grand public.

Dans ce séminaire, je présenterai quelques éléments de contexte visant à rappeler le fossé qui sépare la réalité académique de l’image publique, et évoquerai les difficultés qu’ont les scientifiques à se faire entendre face à des personnalités rompues à l’exercice médiatique, bénéficiant d’un certain nombre de soutiens, et capables au besoin d’invoquer la loi comme substitut au débat scientifique.

Geneviève KOUBI
, Professeur de Droit public, Université Paris Vincennes Saint-Denis
CERSA-CNRS UMR 7106

L’idée plus que le texte : le plagiat et l’autoplagiat.

Résumé :
L’observation sur la multiplication des cas de ressemblance entre deux textes ou plus, entre deux études ou plus, entre deux démonstrations ou plus, qui laisse planer le doute quant à l’existence d’un plagiat, devient éprouvante. 
Les affaires dites de « plagiat » semblent acquérir une couverture médiatique de plus en plus ample sans pour autant connaître de solutions satisfaisantes. Cette mise en scène qui s’accapare des objets de publicité, livres, films, photographies, tableaux, etc., ne revient-elle pas à occulter d’autres sujets, ceux qui justement s’emparent de la réflexion, de l’analyse, des expériences, des études, de la pensée, de la recherche donc ? 
Les termes de copie, de récurrence, de répétition, d’intertextualité, de reproduction, de contrefaçon, les expressions de copier-coller ou de réutilisation d’un texte, de dérivé linguistique etc. exposent les captations, les appropriations par autrui de la substance de l’idée créatrice, de la pensée novatrice, de l’originalité de la réflexion, de l’indépendance d’esprit, de l’inventivité du raisonnement. 
Pourtant, il est une dimension substantielle sur laquelle tout reposerait : l’antériorité d’un texte, d’un discours, d’une étude, d’un argument, d’un dire sur les autres. L’antécédence d’une production, d’une publication ne peut systématiquement constituer une confirmation de la répétition constatée, du plagiat avéré. Or, pour que la notion de plagiat prenne sens, il apparaît nécessaire de repérer un « avant-texte » à partir duquel évaluer ressemblances et dissemblances, similitudes et différences. 
Ceci s’effectue au risque de situer hors de portée de l’analyse l’idée-force, la pensée-clef.

Référence bibliographique : « Le plagiat de la recherche scientifique », sous la direction de G. J. Guglielmi et G. Koubi, L.G.D.J., Lextenso éditions, 2012.

Animatrice de la séance :
Stéphanie LACOUR, 
Chargée de recherche CNRS au Centre d’études sur la coopération juridique internationale (Cecoji), spécialiste du droit applicable aux sciences et aux technologies émergentes.