2023 : Sciences fondamentales et développement soutenable : que faudrait-il changer dans nos recherches ?

L’Université Paris-Saclay, le Centre d’Alembert
organisent un colloque le 31 mai 2023 de 9h à 17h,
sur le thème :
Sciences fondamentales et développement soutenable : que faudrait-il changer dans nos recherches ?
Présentation du colloque

Dans le cadre de l’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable, Assemblée générale des Nations Unies.
Avec le soutien d’IJCLab

Programme

9h15 – 10h — Ouverture

Estelle Iacona, Présidente de l’Université Paris-Saclay

Julien Gargani, Enseignant-Chercheur Paris-Saclay, Géosciences, Geops, Directeur du Centre d’Alembert

Michel Spiro, Président du comité de l’International Year of Basic Sciences for Sustainable Development in 2022 (IYBSSD 2022)

Sophie Szopa, Chercheure CEA, chimiste de l’atmosphère, LSCE, Vice-Présidente Développement Soutenable de l’Université Paris-Saclay

10h-11h15 — Sujets de recherche : la science sans fin ? 

Animateur : Laurent AUDOUIN,
Enseignant-Chercheur Paris-Saclay, Physicien nucléaire IJCLab

Paul Leadley, Écologue, Professeur à l’Université Paris-Saclay, Co-coordinateur de l’OIC-BASC (Centre d’Etudes Interdisciplinaires sur la Biodiversité, l’Agroécologie, la Société et le Climat)

L’exploitation, pour le meilleur et pour le pire, de la recherche fondamentale sur la biodiversité 

De vastes pans de la recherche sur la biodiversité ont été menés sans nécessairement avoir à l’esprit des objectifs appliqués spécifiques, mais ils sont aujourd’hui devenus essentiels pour comprendre la dynamique de la biodiversité, et pour protéger et restaurer la biodiversité. J’en donnerai deux exemples :

1) Au cours de la dernière décennie, des données éparses sur les traits des plantes ont été rassemblées dans une grande base de données bien structurée par la communauté scientifique (TRY, www.try-db.org). Ces informations se sont révélées précieuses pour évaluer la réponse des plantes aux impacts humains et leur rôle dans le fonctionnement des écosystèmes.

2) Les données génétiques des plantes et des animaux sont recueillies à un rythme accéléré à des fins diverses, et sont stockées dans d’énormes bases de données mondiales. Ces données sont essentielles pour documenter la diversité génétique du monde vivant, comprendre l’évolution, conserver la biodiversité, etc. Cependant, ces données sont également utilisées par les entreprises pharmaceutiques pour développer de nouveaux médicaments et faire des bénéfices, souvent sans le consentement, ni la compensation des pays dans lesquels les organismes ont été collectés. Cette situation a donné lieu à des négociations complexes et tendues sur l’accès et le partage des avantages des données génétiques (« Digital sequence information on genetic resources – DSI ») dans le cadre de la COP-15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Je discuterai de ces exemples et d’autres dans le contexte de la tension entre la création de grandes bases de données sur la biodiversité accessibles au public pour le bénéfice de tous, ainsi que des abus réels et potentiels de ces informations.


Pierre Morel, Physicien, Laboratoire de Physique des Plasmas, Université Paris-Saclay

Fusion : une énergie d’avenir ?

Rêve Prométhéen s’il en est, la fusion thermonucléaire combine sur le papier les avantages de libérer une énergie titanesque au fait de ne pas créer directement de produit radioactif. Cependant, le contrôle de la matière, à l’état plasma, portée à des centaines de millions de degrés pour que les réactions de fusion se produisent, s’avère être un sérieux défi technologique. En effet, le milieu est extrêmement turbulent à de telles températures, et tend à s’opposer au confinement magnétique qui lui est imposé.
Après en avoir défini les grands principes, je discuterai l’intérêt des recherches sur la fusion thermonucléaire dans la perspective du réchauffement climatique à venir. Je présenterai également la structuration des recherches dans ce domaine, entre institutions publiques et privées, leur financement, leurs interactions, les annonces et les résultats récents obtenus. Enfin, à travers l’exemple de ma trajectoire personnelle, comme celle de mon équipe, j’essaierai de répondre à la question Grothendieckienne « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? ».

Échanges avec la salle

11h30-13h — Pratiques de la recherche : changer notre manière de faire de la recherche ? 

Animatrice : Sophie SZOPA,
Chercheure CEA, chimiste de l’atmosphère, LSCE, Vice-Présidente Développement Soutenable de l’Université Paris-Saclay

Anne-Laure Ligozat, Enseignante-Chercheuse en informatique à l’ENSIIE et au LISN à Paris-Saclay, membre active du collectif Labos 1point5. 

Changer les pratiques de la recherche : retour d’expérience

L’urgence environnementale nous impose de transformer nos pratiques de recherche. De nombreuses initiatives, locales, nationales ou internationales, ont vu le jour ces dernières années. En France, le collectif Labos 1point5 s’est créé fin 2018 afin de mieux comprendre et réduire l’impact des activités de recherche scientifique sur l’environnement, et en particulier sur le climat.
Je discuterai du rôle des chercheurs face aux crises environnementales et en particulier de l’impact des pratiques de recherche, des ressources disponibles et des difficultés à mettre en œuvre les changements nécessaires dans les laboratoires.

Questions du public à Anne-Laure Ligozat


Table-ronde « comment chercher en 2023 ? 

Hélène Aubry, Professeure de droit, Université Paris-Saclay, Faculté Jean Monnet

Yves Langevin, Planétologue, Directeur de recherche émérite au CNRS

Daniel Suchet, Enseignant-Chercheur au département de physique de l’École Polytechnique, Institut du Photovoltaïque d’Ile-de-France

Anne-Laure Ligozat, Enseignante-Chercheuse en informatique à l’ENSIIE et au LISN à Paris-Saclay, membre active du collectif Labos 1point5

Échanges avec la salle

14h-15h15 — Production de savoir, production de valeur, valeurs de la recherche : comment le développement soutenable nous interroge-t-il ? 

Animatrice : Hélène GISPERT,
Historienne des sciences, Centre d’Alembert

Stéphanie Ruphy, Professeure de philosophie des sciences, École Normale Supérieure (Ulm) – Université PSL

S’engager par le choix de ses sujets de recherche : enjeux épistémologiques et politiques 


L’engagement d’un chercheur ou d’une chercheuse peut prendre plusieurs formes : militantisme, intervention dans des débats publics, expertise auprès de décideurs, participation à des projets de science citoyenne, etc. A l’heure où les attentes à l’égard de la recherche s’intensifient pour qu’elle contribue davantage à répondre à de nombreux « défis sociétaux », le choix d’un sujet de recherche tenant directement compte de ces attentes apparaît comme une forme d’engagement à part entière. J’explorerai dans cette présentation différents enjeux épistémologiques et politiques soulevés par une telle forme d’engagement : n’entre-t-elle pas en tension avec l’imprévisibilité de l’enquête scientifique ?  faut-il craindre à terme une perte de fécondité de la science ? à quelles conditions cette forme d’engagement du monde de la recherche est-elle politiquement souhaitable ?  


Anouk Barberousse, Professeure de philosophie des sciences, Sorbonne Université, Directrice de l’Institut de la Transition Environnementale

Construire des connaissances en faveur de la transition écologique, un bouleversement culturel


Une partie des connaissances nécessaires à la mise en œuvre d’une transition écologique efficace restent à construire. Elles doivent transformer aussi bien les modes de production économique que les comportements. Or les communautés scientifiques aptes à produire ces connaissances n’ont pas encore l’habitude de s’emparer de questions qui ne viennent pas de leurs dynamiques de recherche propres, mais de l’extérieur du monde académique. Adopter de nouvelles habitudes revient à accepter de transformer en profondeur les cultures de recherche propres aux différentes disciplines. L’exposé présentera les enjeux d’une telle transformation.

Échanges avec la salle

15h15-16h30 — Organisation de la recherche : comment le développement soutenable nous interroge-t-il ? 

Animateur : Julien GARGANI,
Enseignant-Chercheur Paris-Saclay, Géosciences, Geops, Directeur du Centre d’Alembert

Pascal Dayez-Burgeon, Secrétaire Général du COMETS

Présentation du dernier avis du COMETS sur l’éthique environnementale de la recherche


Saisi par le PDG du CNRS, le comité d’éthique du CNRS (COMETS) a rendu en décembre dernier un avis qui recommande de considérer l’environnement comme une condition de la recherche responsable et donc une composante de l’éthique de la recherche. A ce titre, le monde de la recherche a la responsabilité de limiter les impacts environnementaux de ses activités, qu’il s’agisse de ses pratiques mais aussi des sujets abordés et des voies pour les mener. Compte tenu de la complexité de ces questions et des difficultés pour les rendre opératoires, le COMETS recommande que le monde de la recherche lance une réflexion approfondie sur ces questions.


Table ronde sur l’organisation de la recherche et la politique scientifique (orientation des financements ; fléchage des recrutements ; maintien de la diversité disciplinaire et des pratiques de recherche) :

Thierry Doré, Agronome, Vice-Président recherche Université Paris-Saclay

Pascal Dayez-Burgeon, Secrétaire Général du COMETS

Arnaud Saint-Martin, Sociologue, CNRS

Sophie Kazamias, Physicienne, Université Paris-Saclay, Graduate School Physique

Échanges avec la salle et mot de clôture