Séminaire du 4 mai 2011

LE POLITIQUE DANS SES ÉTATS CRITIQUES : LA PERSPECTIVE DE LA THÉORIE DES CONJONCTURES FLUIDES

Intervenant : Michel DOBRY

Michel DOBRY, professeur au sein du Département de science politique de la Sorbonne (Université Paris I). Ses principaux travaux portent sur les conjonctures critiques (voir en particulier sa Sociologie des crises politiques, Presses de Sciences po, 2009, 3ème édit.), les jeux politiques dans les systèmes complexes, les processus de légitimation et la légitimité, l’action collective, les processus de « transition » à la démocratie (notamment Democratic and Capitalist Transitions in Eastern Europe, Kluwer, 2000) et les mouvements autoritaristes et fascistes dans l’entre-deux-guerres en France et en Europe (en particulier Le mythe de l’allergie française au fascisme, Albin Michel, 2003 ). De 1994 à 1999 il a été co-président du Réseau scientifique international «Social Transformations in Central and Eastern Europe» de l’European Science Foundation et de 1993 à 2003 fondateur et premier directeur du Laboratoire d’Analyse des Systèmes Politiques (UMR CNRS).

Le politique dans ses états critiques : la perspective de la théorie de conjonctures fluides

Résumé :
La conférence aura pour objet la manière dont les sciences sociales peuvent penser les phénomènes critiques – « crises politiques », « révolutions », « ruptures », « transitions », etc. – observables dans les systèmes sociaux contemporains. Elle partira des raisons pour lesquelles les conceptions traditionnelles de ces phénomènes, reproduisant presque toujours l’idée que ces phénomènes supposés « anormaux » doivent nécessairement être appréhendés d’un point de vue qui leur serait spécifique, ont été de part en part contreproductives. La conférence présentera ensuite les principales lignes de force de la théorie des conjonctures politiques fluides. A l’encontre des diverses formes de la tentation de l’exceptionnalisme méthodologique, cette théorie, qui développe une perspective résolument continuiste, rapporte l’ensemble des propriétés majeures des phénomènes critiques dont elle rend raison à une dynamique de désectorisation tendancielle des espaces sociaux des systèmes sociaux « complexes » (c’est-à-dire différenciés en des sphères sociales, secteurs ou « champs » plus ou moins autonomes, fortement institutionnalisés, autoréférenciels et dotés de logiques sociales spécifiques à chacun d’entre eux) qui constituent son univers de pertinence.